Raphaël Barontini a suspendu des œuvres qui semblent nous regarder et nous appeler depuis le passé. Installée dans le jardin public de Marvejols, l’exposition « En la plaza de mi pueblo » restera visible jusqu’au mois d’octobre. Cette exposition est portée par les Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse dans la Région Occitanie à l’occasion du 80e anniversaire de la Retirada, la Région Occitanie, la Communauté de Communes du Gévaudan et la Ville de Marvejols.
Le vernissage a eu lieu samedi 25 mai à 11h30.
L’exposition En la plaza de mi pueblo, titre tiré d’un chant républicain espagnol, investit le jardin municipal de Marvejols pendant plusieurs mois. Imaginée par l’artiste Raphaël Barontini (1984, France), cette intervention dans l’espace public prend la forme d’une fresque narrative surréaliste. L’artiste y installe de grandes tentures picturales à la mémoire de deux figures historiques, l’une liée à la Retirada, le psychiatre catalan Francesc Tosquelles et l’autre à la Résistance, le poète français Paul Éluard.Le premier s’établit durablement à l’hôpital de Saint Alban et transforme la psychiatrie française ; le second s’y réfugie quelques mois et y écrit Le cimetière des fous. La célèbre histoire de l’hôpital lozérien a fortement marqué le territoire. Théâtre de nouvelles utopies, il inspire aujourd’hui la création inédite En la plaza de mi pueblo.
“Je suis né étranger, j’ai vécu étranger et je mourrai plus étranger encore” écrit l’auteur francolibanais Amin Maalouf (Le Périple de Baldassare). Ces mots inspirent le titre du programme d’expositions d’art contemporain, réalisé par les Abattoirs, Musée – Frac Occitanie Toulouse dans la Région Occitanie à l’occasion du 80e anniversaire de la Retirada. Naît-on étranger ou le devient-on ? Pour qui est-on un étranger ? Si beaucoup de départs sont dictés par le cours de l’histoire, lorsque nous voyageons, que ce soit pour la vie ou pour une heure, nous pouvons tous ressentir ce qu’est être “un étranger parmi les hommes” (Albert Camus).
Au début de l’année 1939, 500 000 réfugiés espagnols traversent les Pyrénées pour fuir le régime de Franco au terme de trois années de guerre civile. L’Occitanie est profondément marquée par l’exil espagnol. Plusieurs camps de réfugiés sont installés sur son territoire, que ce soit sur les plages du Roussillon ou dans les campagnes. De nombreux exilés, parmi lesquels des artistes, s’établissent durablement et constituent des communautés. Beaucoup d’entre eux s’engagent ensuite dans la Résistance lors de la Seconde Guerre mondiale.
Prenant comme point de départ l’exposition « Picasso et l’exil. Une histoire de l’art espagnol en résistance » sur le site des Abattoirs, du 15 mars au 25 août 2019, le programme « Je suis né étranger », composé de plus de 60 artistes, à parité et de 29 nationalités différentes, revient sur ce pan de l’histoire, et questionne, à la lumière de l’actualité, la création et la vie en exil. “Né.e.s de l’exil”, “Marcher pour vivre”, “Paysages de l’exil” et “La Traversée” sont les quatre grands thèmes développés dans cet ensemble de vingt-cinq expositions. Exilés eux-mêmes, issus de familles ou de peuples exilés, ou témoins de cette histoire, les artistes de ce programme travaillent sur le départ, le déplacement, le déracinement et le ré-enracinement, ou encore sur les combinaisons humaines et culturelles inattendues nées de la rencontre entre le migrant et celui qui l’accueil. Ainsi ces œuvres à la résonance politique s’ancrent dans l’histoire d’un pays, d’un lieu, et dans une réalité humaine universelle. La sélection proposée entend valoriser la collection des Abattoirs et les collections publiques françaises, tout en s’appuyant sur des productions d’artistes invités aussi bien régionaux qu’internationaux